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L’Ukraine, entre minerais et marchandage géopolitique : un accord aux contours troubles

La visite de Volodymyr Zelensky à Washington, initialement prévue pour le 28 février 2025, s’inscrit dans un contexte géopolitique explosif. Au cœur des discussions : un accord controversé sur l’exploitation des ressources minières ukrainiennes, présenté comme un échange contre l’aide américaine, mais qui soulève plus de questions qu’il n’apporte de réponses. L’image d’une Ukraine épuisée, négociant ses richesses naturelles pour une sécurité incertaine, dessine un tableau saisissant de la guerre, et de ses conséquences sur la souveraineté nationale.

Donald Trump, fervent partisan de cet accord, a avancé un chiffre exorbitant de 350 milliards de dollars dépensés par les États-Unis en aide militaire à l’Ukraine, un chiffre immédiatement contesté par Emmanuel Macron et démenti par l’institut de Kiel pour l’économie mondiale, qui évoque un montant bien inférieur, autour de 115 milliards de dollars. Cette divergence souligne d’emblée l’opacité qui entoure les flux financiers, et le potentiel pour la manipulation politique.

L’accord proposé prévoit la création d’un fonds d’investissement commun américano-ukrainien, alimenté par 50% des revenus générés par l’exploitation future des ressources naturelles ukrainiennes : minerais, charbon, pétrole et gaz, ainsi que des infrastructures portuaires. En contrepartie, les États-Unis s’engagent à un soutien financier à long terme, mais sans garanties de sécurité militaire explicites. L’absence de garantie d’une intégration à l’OTAN, pourtant réclamée de longue date par Kiev, ainsi que le renvoi de la responsabilité de la sécurité militaire vers l’Europe, constituent des concessions majeures.

Cette stratégie suscite des critiques acerbes. L’absence de garanties concrètes de sécurité pour l’Ukraine après un éventuel cessez-le-feu laisse planer le spectre d’une nouvelle agression russe. Le risque d’une « capitulation » de l’Ukraine, contrainte de céder des territoires en échange d’un accord de paix négocié entre Trump et Poutine, sans participation ukrainienne, est palpable. L’inquiétude est d’autant plus grande que Trump a qualifié Zelensky de « dictateur », un terme résonnant étrangement avec la propagande russe.

La France, par la voix de Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a exprimé son intérêt pour les matières premières ukrainiennes, mais s’est démarquée de l’approche américaine. Lecornu a insisté sur l’importance de l’accès à ces ressources pour renforcer la capacité de défense européenne, soulignant l’initiative ukrainienne d’intégrer l’exploitation de ces ressources à leur « plan pour la victoire ». Cependant, la France ne cherche pas à se faire rembourser, contrairement à la position américaine. Ce positionnement stratégique plus nuancé contraste avec l’approche transactionnelle de Trump, qui semble faire passer l’intérêt économique américain avant la sécurité de l’Ukraine.

Le flou persiste quant à la nature exacte des minerais convoités et à leur importance stratégique. L’Ukraine possède des réserves significatives de diverses matières premières, notamment des métaux précieux et des terres rares, essentielles à l’industrie de défense moderne. La perspective d’un accès privilégié des États-Unis à ces ressources soulève des questions légitimes sur l’équité et la transparence de l’accord. De plus, cette situation crée une instabilité dans le paysage géopolitique, augmentant les tensions entre Washington et ses alliés européens.

L’accord, qualifié de « début » par Zelensky lui-même, reste sujet à des négociations cruciales. Malgré le fait que les clauses défavorables, notamment celle des 500 milliards de dollars, aient été retirées, les doutes persistent quant à la réelle valeur de cet accord pour l’Ukraine. La rencontre entre Trump et Zelensky s’annonce donc déterminante, et porte en elle le poids du destin d’un pays en guerre, tiraillé entre la survie et la préservation de sa souveraineté. Le futur de l’Ukraine se joue, en partie, dans cette négociation opaque sur les minerais, un échange où l’équilibre entre l’intérêt national et les pressions géopolitiques est précaire, voire inexistant. Cet article a été fait a partir de ces articles: https://www.bbc.com/news/videos/cddy92025gdo https://www.liberation.fr/international/a-washington-kyiv-met-ses-ressources-minieres-dans-la-balance-20250227_FHPGXCBY7RAJDBUK3ABEFBMURU/ https://www.liberation.fr/international/europe/la-france-sinteresse-aussi-aux-matieres-premieres-ukrainiennes-selon-sebastien-lecornu-20250227_VNIMROTXWFFF7KP7FDO3NO3G7A/ https://www.ouest-france.fr/europe/ukraine/guerre-en-ukraine-treve-prochaine-selon-trump-combats-a-pokrovsk-le-point-sur-la-nuit-6326d434-41a6-42a8-8237-4cb9a559fa81?utm_source=fluxpublicactu&utm_medium=fluxrss&utm_campaign=banquedecontenu https://www.bfmtv.com/international/europe/ukraine/guerre-en-ukraine-minerais-sur-quoi-va-porter-la-rencontre-entre-trump-et-zelensky-ce-vendredi-a-washington_AN-202502280049.html https://www.france24.com/fr/émissions/on-va-plus-loin/20250227-ukraine-un-accord-sur-les-minerais-sans-garantie-de-sécurité-américaine https://www.france24.com/fr/europe/20250226-ukraine-un-accord-sur-les-minerais-entre-kiev-et-washington https://www.france24.com/fr/europe/20250225-direct-ukraine-russie-kiev-guerre-poutine-zelensky-trump-alerte-onu-missiles https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20250224-sommet-à-kiev-pour-le-troisième-anniversaire-de-l-invasion-russe

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