Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche n’a pas été une simple reprise de pouvoir ; c’est une déclaration de guerre contre les acquis sociaux, environnementaux et même démocratiques des dernières décennies. Son investiture, loin d’être une promesse de stabilité, a été marquée par une série de décrets exécutifs aussi audacieux qu’inquiétants, reflétant une vision régressive et profondément clivante de l’Amérique.

Dès ses premiers instants au pouvoir, Trump a entrepris une purge numérique sans précédent. Les mentions LGBTQIA+, les ressources sur le VIH, et les pages gouvernementales dédiées à la diversité, l’équité, l’inclusion et l’accessibilité (DEIA) ont été effacées des sites officiels. Cette opération de censure, qualifiée de « censure » par la présidente de GLAAD, Sarah Kate Ellis, n’est pas nouvelle pour l’administration Trump, mais son ampleur et sa rapidité témoignent d’une volonté politique de rendre l’information sur ces sujets inaccessible au public. Le paradoxe est saisissant : Trump, qui se proclame défenseur de la liberté d’expression, s’engage dans une pratique de censure institutionnelle visant à éradiquer toute trace de la communauté LGBTQIA+ et des réalités du VIH de l’espace public. L’ironie est palpable.

Le secteur énergétique n’est pas épargné. Trump, fidèle à son idéologie pro-combustibles fossiles, a déclaré une « urgence énergétique nationale », une décision largement symbolique mais aux conséquences potentiellement catastrophiques pour l’environnement et le climat. Cet artifice lui permet de contourner les réglementations environnementales, notamment l’Endangered Species Act, pour accélérer l’extraction et la production de pétrole et de gaz. Le message est clair : les préoccupations climatiques sont reléguées au second plan au profit d’intérêts économiques à court terme. Ironiquement, même cet objectif est discutable, le coût des énergies renouvelables ayant chuté ces dernières années, rendant l’investissement dans le secteur fossile moins rentable à long terme.

Sur la scène internationale, la décision de Trump de retirer à nouveau les États-Unis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est une attaque frontale contre la coopération internationale en matière de santé publique. Ce retrait, sans consultation du Congrès et sans respect du préavis d’un an requis, est non seulement une violation des accords internationaux mais aussi une menace pour la sécurité sanitaire mondiale. Les experts craignent non seulement une diminution des ressources pour la lutte contre les maladies infectieuses, mais aussi une perte d’informations cruciales sur les épidémies émergentes. Les conséquences pourraient être désastreuses pour les États-Unis eux-mêmes, rendus plus vulnérables aux menaces sanitaires globales.

La sphère technologique n’échappe pas à la mainmise de Trump. Son décret visant à « mettre fin au mandat des véhicules électriques » est un geste purement politique, car aucun mandat de ce type n’existait auparavant. L’objectif est de saboter les politiques d’incitation à l’achat de véhicules électriques, mettant en péril les efforts de transition énergétique. L’ordre de suspendre les fonds alloués aux infrastructures de recharge pour véhicules électriques est une mesure supplémentaire dans cette entreprise de démantèlement des politiques environnementales. La réaction de la Californie, qui compte maintenir son interdiction des voitures à essence d’ici 2035, s’annonce déjà comme un front de bataille juridique majeur.

Dans le domaine de la technologie, Trump, après avoir rejeté le Bitcoin dans son premier mandat, s’est métamorphosé en un fervent partisan des cryptomonnaies, culminant avec le lancement de sa propre memecoin, $TRUMP. Ce lancement, qui a rapporté des milliards en quelques heures, soulève des questions éthiques préoccupantes. L’accusation d’un schéma « pump-and-dump » (hausse artificielle du cours suivie d’une vente massive par les initiés) est crédible, laissant présager des pertes importantes pour les investisseurs. Le lancement de cette memecoin, avec une distribution initiale majoritairement détenue par des entités liées à Trump, pose des questions quant à la transparence et à la légalité des opérations.

L’implication du président lui-même dans une opération financière si spéculative et risquée met en lumière la porosité entre sa fonction présidentielle et ses intérêts commerciaux, soulignant une dérive préoccupante vers un enrichissement personnel au détriment de l’intérêt public. La création d’un groupe de travail chargé d’évaluer un potentiel stock national de cryptomonnaies, alors que Trump et sa famille se lancent dans ce marché, ne fait qu’accentuer cette impression de conflit d’intérêts et d’opportunisme.

Enfin, la libération de centaines de participants à l’insurrection du Capitole, dont les leaders des Proud Boys, illustre une volonté de pardonner les actes de violence politique et de déstabilisation de la démocratie. Ces pardons, présentés par Trump comme la libération de « otages », représentent un affaiblissement significatif de l’État de droit et une grave menace pour la stabilité institutionnelle. L’ensemble de ces décisions, prises en quelques jours, montre un mépris total pour les institutions, le consensus et l’intérêt national à long terme.

Le second mandat de Trump s’annonce comme une période de bouleversements majeurs et de défis considérables pour l’Amérique et le monde. Les contre-pouvoirs judiciaires et les pressions internationales pourraient limiter certains excès, mais l’ampleur des changements et leur caractère régressif inquiètent profondément. L’Amérique de Trump est une Amérique divisée, confrontée à un avenir incertain.

Cet article a été fait a partir de ces articles: https://www.numerama.com/politique/1888940-la-maison-blanche-supprime-des-pages-sur-le-vih-et-les-lgbt.html https://www.wired.com/story/trump-plan-to-leave-the-who-health-disaster/ https://www.wired.com/story/trump-says-he-ended-the-ev-mandate-what-does-that-mean/ https://www.wired.com/story/trump-executive-order-tiktok-ban/ https://www.wired.com/story/trump-pardons-proud-boys-enrique-tarrio-january-6/ https://www.wired.com/story/the-trump-memecoins-money-grab-economics/ https://www.wired.com/story/donald-trump-grift/ https://www.scientificamerican.com/article/what-trumps-executive-orders-mean-for-science/ https://www.scientificamerican.com/article/trump-declares-energy-emergency-to-push-excess-fossil-fuel-production/

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