L’Ombre du Matin Calme s’étend sur les steppes ukrainiennes : un nouveau front, de nouvelles questions
L’échiquier géopolitique se complexifie. Alors que le Donbass gémit sous le poids du « rouleau compresseur » russe – une stratégie militaire privilégiant la force brute et l’usure pour submerger l’ennemi –, une information aussi inattendue que glaçante émerge du chaos : des soldats nord-coréens combattent aux côtés des forces russes. Kiev le confirme, des affrontements ont bel et bien eu lieu, marquant une escalade inquiétante dans ce conflit déjà dévastateur. Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, ne mâche pas ses mots : il s’agit d’un « nouveau chapitre d’instabilité dans le monde ».
Cette révélation soulève une multitude de questions. Pourquoi la Corée du Nord, isolée et sous le coup de sanctions internationales, s’impliquerait-elle dans une guerre si lointaine ? Qu’y gagne-t-elle ? S’agit-il d’un simple échange de bons procédés, de main-d’œuvre contre technologie militaire avec Moscou, ou d’une stratégie plus profonde, plus sinistre ? Certains analystes évoquent la volonté de Pyongyang de tester ses équipements militaires en situation réelle, d’autres y voient une tentative de déstabiliser davantage l’ordre international, profitant d’un monde déjà fragilisé.
L’arrivée de ces troupes nord-coréennes, estimées à plusieurs milliers par les services de renseignement sud-coréens et américains, vient s’ajouter à une situation déjà critique pour l’Ukraine. L’armée ukrainienne, confrontée à une pénurie croissante de matériel et d’hommes, peine à contenir l’avancée russe dans le Donbass. Le pari risqué de l’offensive à Koursk, en territoire russe, semble s’être retourné contre Kiev. Si l’incursion a surpris le Kremlin, elle n’a pas atteint son objectif principal : forcer Moscou à redéployer massivement ses troupes et soulager la pression sur le Donbass. Au contraire, l’absence des brigades d’élite engagées à Koursk se fait cruellement sentir sur le front oriental.
L’avancée russe se poursuit inexorablement, menaçant désormais la ville stratégique de Pokrovsk, nœud logistique vital pour l’Ukraine. Sa chute serait un coup dur pour Kiev, ouvrant la voie à une occupation totale de l’oblast de Donetsk et à de nouvelles offensives vers Zaporijjia et le nord. Le spectre d’une guerre de mouvement, plus fluide et potentiellement plus dévastatrice que la guerre de tranchées qui prévaut actuellement, plane sur l’Ukraine. Moscou, même sans les effectifs nécessaires pour une telle stratégie, pourrait exploiter la faiblesse de la défense ukrainienne et engranger des victoires tactiques significatives.
L’utilisation massive de « bombes planantes » par l’armée russe, armes particulièrement difficiles à intercepter pour la défense antiaérienne ukrainienne, aggrave la situation. Ces munitions, capables de planer sur de longues distances avant de frapper leurs cibles avec précision, se révèlent redoutablement efficaces pour détruire les fortifications ukrainiennes et semer la terreur.
Dans ce contexte sombre, l’identification des soldats nord-coréens sur le champ de bataille prend une dimension presque kafkaïenne. Roustem Oumerov, le ministre ukrainien de la Défense, évoque des « petits engagements » et la difficulté de les distinguer des soldats bouriates, une ethnie mongole de Sibérie. Ce flou, cette confusion identitaire, ajoute une couche d’étrangeté à un conflit déjà marqué par la désinformation et la propagande. Moscou, sans surprise, reste ambigu sur la présence de ces troupes étrangères, jouant sur les non-dits et les subtilités diplomatiques. Vladimir Poutine se contente d’évoquer un « traité de partenariat de défense » avec Pyongyang, laissant planer le doute sur la nature exacte de cette collaboration.
Pendant ce temps, Kiev est sous le feu des drones russes. Ces attaques nocturnes, devenues une sinistre routine, visent à terroriser la population, à saper le moral des Ukrainiens et à épuiser les défenses antiaériennes. La capitale, symbole de la résistance ukrainienne, est frappée au cœur, rappelant la fragilité de la situation et la persistance de la menace russe.
L’hiver qui approche n’offre guère de répit. Contrairement à ce que certains espéraient, le froid et la neige ne ralentiront pas significativement les opérations militaires. Les infrastructures routières et les équipements adaptés aux conditions hivernales permettent aux deux camps de poursuivre les combats, prolongeant ainsi l’agonie de l’Ukraine.
La situation est donc préoccupante, voire alarmante. L’arrivée des troupes nord-coréennes, conjuguée aux difficultés de l’armée ukrainienne et à l’avancée russe dans le Donbass, dessine un tableau sombre pour l’avenir du pays. L’ombre du « Matin Calme », l’hymne national nord-coréen, s’étend désormais sur les steppes ukrainiennes, symbole d’une escalade imprévisible et potentiellement désastreuse pour la stabilité mondiale. L’issue du conflit semble plus incertaine que jamais, et l’échiquier géopolitique, plus complexe et plus dangereux.
Cet article a été fait a partir de ces articles:
https://www.france24.com/fr/europe/20241105-armée-ukrainienne-affronte-des-unités-nord-coréennes-pour-la-première-fois-en-russie-dit-kiev
https://www.france24.com/fr/europe/20241104-donbass-défense-ukrainienne-souffre-rouleau-compresseur-russe
https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20241102-ukraine-kiev-cible-d-une-vaste-attaque-de-drones-russes
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