Le Secret Macabre de Moyse’s Hall : Quand la Justice du 19ème Siècle S’écrit sur la Peau
L’anthropodermie bibliopégique – l’art de relier des livres en peau humaine – est une pratique aussi glaçante qu’elle est rare. Alors qu’un seul exemplaire était connu, un deuxième livre relié, en partie, avec la peau d’un meurtrier du 19ème siècle a été redécouvert au Moyse’s Hall Museum en Angleterre, jetant une lumière sinistre sur une époque où la justice pouvait se montrer d’une cruauté impitoyable et où le corps du condamné devenait un objet de spectacle et de punition post-mortem.
En 1828, William Corder fut pendu devant une foule immense à Bury St Edmunds pour le meurtre de sa maîtresse, Maria Marten, un crime si infâme qu’il fut surnommé le « Meurtre de la Grange Rouge ». Mais son châtiment ne s’arrêta pas à la pendaison. Après son exécution, son corps fut disséqué, une pratique courante à l’époque, et une partie de sa peau fut utilisée pour relier un livre relatant son procès. Ce geste, bien que choquant selon nos normes modernes, était une forme de justice performative, un avertissement macabre à tous ceux qui oseraient enfreindre la loi.
Le premier exemplaire connu, intégralement recouvert de la peau de Corder, est exposé au musée depuis 1933. La découverte fortuite du second exemplaire, lors d’un inventaire de routine, a de quoi glacer le sang. Ce volume, moins complet, ne présente des fragments de peau que sur le dos et les coins. Selon Abbie Smith, assistante au musée, il faut vraiment être averti pour reconnaître la nature particulière de sa reliure.
Ces livres ne sont pas de simples artefacts historiques. Ils incarnent un débat éthique complexe. Pour certains, comme Terry Deary, créateur de la série « Horrible Histories », ils sont des reliques « écœurantes » qui devraient être brûlées. Deary, qui a incarné Corder sur scène, estime que cette forme de punition posthume est particulièrement perverse, d’autant plus que la condamnation de Corder reposait, selon lui, sur des preuves circonstancielles.
Pour d’autres, comme Dan Clarke, responsable du patrimoine au West Suffolk Council, ces objets sont des points d’entrée dans une conversation difficile sur la nature violente et théâtrale de la justice historique. Exposés à côté d’une cage de gibet du 18ème siècle – une structure métallique utilisée pour exposer les corps des personnes exécutées – ces livres ne sont pas un spectacle morbide, mais une invitation à affronter un passé inconfortable avec honnêteté et ouverture. La décision de les conserver contraste avec celle de l’Université de Harvard, qui a retiré l’année dernière une reliure en peau humaine d’un livre français du 19ème siècle, en raison de la nature éthiquement problématique de son origine. Selon Clarke, le Moyse’s Hall Museum n’a reçu aucune plainte à ce sujet en 92 ans, contrairement aux chats momifiés exposés.
L’histoire du meurtre de la Grange Rouge a été racontée sous de nombreuses formes : chansons folkloriques, pièces de théâtre, romans populaires et même une performance de Florence Pugh. Au fil des siècles, les faits se sont estompés. On disait que Corder, un fermier, avait attiré Maria Marten à la Grange Rouge sous prétexte de s’enfuir à Ipswich. Il l’a abattue et a enterré son corps dans la grange. C’est la belle-mère de Marten qui, après avoir fait des rêves troublants, a conduit les autorités aux restes.
La conservation de ces artéfacts soulève une question fondamentale : faut-il préserver ou détruire les objets fabriqués à partir du corps d’une personne ? Chaque cas doit être débattu individuellement, selon Clarke. En l’occurrence, les livres restent, liés par la peau, liés à l’histoire, témoins silencieux d’une époque révolue où la justice pouvait se transformer en une forme d’art macabre.
Cet article a été fait a partir de ces articles:
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