L’Amérique Trumpiste, la France divisée et les fantômes des Trente Glorieuses : Chroniques d’une année charnière

L’année 2025 s’annonce comme un tournant, une année où les lignes du sable semblent se déplacer sous nos pieds. L’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, un événement qui, jusqu’à récemment, relevait de l’oxymore – « fascisme » et « États-Unis » dans la même phrase – a propulsé le spectre d’un virage autoritaire vers le grand jour. Ses premières semaines au pouvoir, marquées par la déclaration de l’anglais comme seule langue officielle et une dangereuse proximité avec Vladimir Poutine, ont suffi à donner à ce cauchemar un parfum d’inquiétante réalité. La rupture de l’alliance avec les Européens, actée par son vice-président, a ébranlé le monde et laisse l’Ukraine seule face à la Russie, une situation qui interroge sur le pivotement américain et les illusions perdues du début du siècle.

Paradoxalement, cette montée du trumpisme aux États-Unis ne laisse pas la France indifférente. Une pathétique attirance pour ce « faiseur de deals » autoproclamé s’observe au sein même de l’élite libérale française, tandis que l’extrême droite, incarnée par Marine Le Pen et Jordan Bardella, se montre plus ambivalente, utilisant la stratégie de la relativisation pour masquer son admiration tacite. Cette fascination témoigne d’une profonde crise identitaire, reflétée par le débat sur le tarif unique des transports en Île-de-France, une mesure initialement pensée comme une initiative de gauche, mais finalement adoptée sous la présidence de Valérie Pécresse (LR) pour contrecarrer le RN.

Sur le plan culturel, la mort d’Herbert Léonard, chanteur populaire des années 80, marque la fin d’une époque. La fermeture du dernier Macumba, symbole des « Trente Glorieuses », nous invite à une réflexion critique sur cette période mythifiée. Ces « temps nouveaux », incarnés par l’architecture kitsch des Macumba, avec leurs restaurants, salles de cinéma et pistes de danse XXL, occultent des réalités plus complexes, plus ambivalentes. L’urbanisme des trente glorieuses, axé sur la vitesse, la taille et la série, s’oppose au constat actuel, qui met en lumière la nécessité de tiers-lieux joyeux et cosmopolites, pour éviter qu’ils ne deviennent la caution d’un capitalisme excluant.

Malgré les succès artistiques, comme le triomphe d’« Anora » aux Oscars 2025 ou le retour en compétition de Guillaume Cizeron, les ombres persistent. La violence, sous toutes ses formes, frappe en France. L’agression d’un élu municipal en Seine-Saint-Denis, la mort d’une femme dans le Val-de-Marne, le procès Pelicot qui a mis au jour l’ampleur des violences sexuelles masculines : tous ces événements soulignent un climat délétère, une violence que la société peine à endiguer. L’antisémitisme, en particulier, connaît une recrudescence inquiétante, laissant les juifs de gauche dans un silence déconcertant de la part de ceux qui se réclament de l’antiracisme.

La géopolitique n’est pas en reste. L’ombre d’Elon Musk et de Starlink plane sur les opérateurs de téléphonie mobile, tandis que les pays du Golfe multiplient leurs efforts de soft power. La Chine, quant à elle, domine le marché de l’ail, illustrant les enjeux de la guerre commerciale menée par les États-Unis, qui pourrait remettre en cause l’hégémonie du dollar. En Ukraine, l’occupation russe se poursuit, les écoliers sous surveillance tandis que les civils fabriquent des drones-kamikazes dans leurs salons. Même la Nouvelle-Calédonie, avec l’intervention de Manuel Valls, voit des discussions complexes s’engager pour tenter de trouver une issue politique viable, loin des postures électorales.

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L’année zéro du capitalisme : comment l’ère Trump-Musk déconstruit le monde

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