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La métamorphose inquiétante de Meta : entre piratage, abandon de la DEI et basculement à droite

Meta, l’empire numérique de Mark Zuckerberg, semble engagé dans une profonde métamorphose, loin des promesses initiales d’inclusion et de lutte contre la désinformation. Cette transformation, aussi subite qu’inquiétante, soulève de sérieuses questions sur les motivations de la firme et ses conséquences sur le paysage numérique mondial.

L’un des aspects les plus saillants de cette mutation est l’abandon brutal des programmes DEI (Diversité, Équité et Inclusion). Sous le prétexte d’un « paysage juridique et politique changeant », Meta justifie la suppression des objectifs de recrutement diversifiés, l’élimination du poste de responsable de la diversité et l’arrêt de la priorisation des entreprises appartenant à des minorités. Cette décision, confirmée par Meta elle-même, intervient dans un contexte politique américain polarisé, où la Cour Suprême a affiché une hostilité croissante envers les initiatives systémiques visant à lutter contre les inégalités raciales, sexuelles et liées à l’orientation sexuelle. Or, au-delà de la rhétorique juridique, cette volte-face suscite des interrogations quant à un virage idéologique de la firme vers une orientation plus conservatrice.

Parallèlement à l’abandon de la DEI, Meta a opéré des changements significatifs dans sa politique de modération des contenus. L’entreprise a annoncé la suppression de ses partenariats avec des vérificateurs de faits tiers, préférant un système de « notes communautaires » inspiré de X (ex-Twitter). Cette décision, couplée à un assouplissement des règles relatives aux propos haineux, ouvre la voie à une prolifération potentielle de la désinformation et de la haine en ligne. L’ajout de Dana White, PDG de l’UFC et partisan déclaré de Donald Trump, au conseil d’administration de Meta, renforce l’impression d’un rapprochement avec l’aile droite de l’échiquier politique américain.

Plus troublant encore, des documents judiciaires récemment déclassifiés dans le cadre d’un procès pour violation de droits d’auteur révèlent que Meta a secrètement entraîné son IA Llama sur une base de données de piratage notoire, LibGen, avec l’approbation même de Mark Zuckerberg. LibGen, qualifiée de « shadow library », met à disposition un large corpus d’œuvres académiques et grand public illégalement téléchargées. Des employés de Meta ont exprimé leurs réserves quant à l’utilisation de cette base de données, soulignant la nature illégale de ces pratiques. L’entreprise aurait même supprimé les mentions de copyright avant d’alimenter son IA, soulignant une volonté manifeste de dissimuler ses activités illégales. Ce scandale éclaire une face sombre de l’expansion du secteur de l’IA, révélant la facilité avec laquelle des entreprises géantes peuvent contourner les lois sur le copyright au détriment des créateurs.

L’argument de Meta concernant l’utilisation de LibGen, reposant sur la doctrine de l’« usage loyal », semble contredit par ses propres actions. Le juge a d’ailleurs qualifié l’approche de Meta pour masquer l’utilisation de LibGen de « prépostérouses », mettant en lumière la volonté de l’entreprise d’éviter la publicité négative plutôt que de protéger ses intérêts commerciaux. Cette affaire met en lumière l’hypocrisie potentielle des grands acteurs de la tech qui invoquent la liberté d’expression pour justifier leurs choix tout en pratiquant des méthodes opaques et illégales pour développer leurs produits.

Les conséquences de ces choix stratégiques de Meta sont potentiellement considérables. L’abandon de la DEI nuit à l’image de l’entreprise et risque de repousser les talents issus de milieux minoritaires. L’assouplissement de la modération des contenus menace de transformer ses plateformes en terrains fertiles pour la désinformation et la haine. Enfin, l’affaire LibGen souligne les risques éthiques et légaux liés au développement de l’IA, posant la question de la responsabilité des entreprises face à l’utilisation de données piratées. En imitant le modèle de X, Meta prend un risque considérable, sacrifiant sa crédibilité et son engagement initial en faveur d’une approche qui semble davantage dictée par des considérations politiques à court terme que par une vision à long terme responsable et éthique.

En conclusion, la métamorphose de Meta est bien plus qu’une simple adaptation à un contexte juridique changeant. Elle reflète un choix stratégique audacieux et potentiellement risqué, dont les conséquences pourraient avoir un impact profond sur le futur du débat public et de l’écosystème numérique mondial. L’entreprise devra répondre à de nombreuses questions sur ses motivations et sur la compatibilité de ses nouvelles politiques avec les réglementations existantes, tant aux États-Unis qu’en Europe.

Cet article a été fait a partir de ces articles:
https://www.engadget.com/big-tech/metas-right-wing-reinvention-also-includes-an-end-to-dei-programs-and-trans-messenger-themes-204031848.html?src=rss
https://www.engadget.com/ai/lawsuit-says-mark-zuckerberg-approved-metas-use-of-pirated-materials-to-train-llama-ai-141548827.html?src=rss
https://www.wired.com/story/new-documents-unredacted-meta-copyright-ai-lawsuit/
https://www.wired.com/story/the-x-ification-of-meta/

Meta eliminates DEI programs


https://www.bbc.com/news/articles/cgmy7xpw3pyo
https://fr.euronews.com/2025/01/10/les-annonces-de-meta-vont-elles-a-lencontre-de-la-loi-sur-les-services-numeriques?utm_source=flipboard&utm_content=euronewsfr/magazine/Infos
https://www.francetvinfo.fr/internet/reseaux-sociaux/meta-supprime-ses-programmes-pour-favoriser-la-diversite-au-sein-de-la-multinationale_7006484.html#xtor=RSS-3-[lestitres]

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