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La Guerre Froide des Batteries : Comment Tesla et la Chine gagnent la bataille de l’électrique en Europe

L’Union Européenne, dans sa quête d’un avenir plus vert, a instauré la norme CAFE (Corporate Average Fuel Economy), une réglementation draconienne visant à réduire les émissions de CO2 des constructeurs automobiles. À partir du 1er janvier 2025, le seuil d’émissions toléré passe de 95 g de CO2/km à 81 g/km. Un durcissement qui se traduit par des amendes colossales, estimées entre 10 et 15 milliards d’euros pour l’ensemble des marques, si les objectifs ne sont pas atteints. Chaque gramme de CO2 au-delà du seuil coûte 95€, un véritable couperet pour les constructeurs traditionnels.

Face à cette épée de Damoclès, les stratégies se multiplient. Augmenter la production de véhicules électriques, réduire drastiquement la production de véhicules thermiques, ou bien… acheter des crédits carbone. Ces crédits, en réalité, sont des permis d’émissions, permettant aux constructeurs dont la moyenne d’émissions dépasse la norme de compenser leur déficit grâce aux constructeurs respectant voire dépassant les objectifs. On assiste alors à la formation de « pools » entre constructeurs, un véritable marché spéculatif du carbone naît sous les yeux des instances européennes.

Ce qui pourrait paraître comme une simple mesure écologique est en réalité le théâtre d’une nouvelle guerre froide, un affrontement économique et géopolitique masqué derrière le voile vert. Les constructeurs traditionnels européens, pris au piège de leurs propres modèles et stratégies, se tournent vers des solutions externes pour éviter la ruine. Tesla, avec sa production massive de voitures électriques et ses faibles émissions, devient un partenaire de choix pour des géants comme Stellantis ou Ford. Mais une autre puissance émerge de l’ombre : la Chine.

Le paradoxe est frappant : l’Europe, tout en taxant lourdement les voitures électriques chinoises au nom de la protection de son industrie, se retrouve dépendante de ces mêmes acteurs pour respecter ses propres réglementations. Mercedes s’associe à Geely (Volvo, Polestar, Smart), Renault et Volkswagen sont obligés de se tourner vers des géants chinois comme BYD ou MG-SAIC. Cette situation, qualifiée de serpent qui se mord la queue par certains, révèle la complexité géopolitique de la transition énergétique.

Ce n’est pas seulement une question d’argent, mais aussi de technologie et d’influence. La Chine, avec ses constructeurs dominants dans le secteur des batteries (CATL, par exemple), possède un avantage considérable dans la course à l’électrique. Elle contrôle une part importante de la chaîne de valeur, des batteries aux logiciels embarqués, ce qui lui donne une position stratégique dominante. Aux États-Unis, cette domination est perçue comme une menace existentielle, justifiant des mesures protectionnistes extrêmes voire paranoïaques.

L’administration américaine, qu’elle soit dirigée par Biden ou Trump, s’engage dans une véritable croisade contre les voitures électriques chinoises, les accusant d’espionnage et de potentielles cyberattaques. Des accusations qui relèvent souvent du fantasme géopolitique, mais qui servent à justifier des mesures protectionnistes radicales, telles que des droits de douane exorbitants et des bannissements complets de certains constructeurs ou composants.

Cette politique américaine agressif, pourtant, pourrait se retourner contre elle. En effet, l’interdiction des voitures et des composants chinois pourrait affaiblir l’industrie automobile américaine, dépendant de plus en plus de ces fournisseurs pour des éléments clés. L’Europe, en adoptant une stratégie similaire, risquerait de reproduire les erreurs américaines et de mettre en péril son propre secteur automobile, déjà fragilisé par la transition énergétique.

En conclusion, la norme CAFE, initialement conçue comme un outil pour lutter contre le réchauffement climatique, s’est transformée en un champ de bataille géopolitique. La Chine, avec son industrie automobile en plein essor et sa maîtrise des technologies clés, est en position de force. Tesla, avec son avance technologique et sa capacité à produire massivement des voitures électriques, tire également profit de cette situation. Les constructeurs traditionnels européens, coincés entre les ambitions vertes de l’UE et la réalité du marché, devront naviguer avec précaution dans ce nouvel environnement hautement compétitif et politique. L’avenir de l’industrie automobile mondiale semble désormais fortement dépendant de la complexité géopolitique, et non plus uniquement des progrès techniques dans le domaine de l’électrique.

Cet article a été fait a partir de ces articles:
https://www.numerama.com/vroom/1886614-tesla-et-les-marques-chinoises-sortiront-vainqueurs-de-cette-nouvelle-regle-europeenne.html
https://www.numerama.com/vroom/1884744-la-voiture-electrique-victime-dune-nouvelle-guerre-froide.html

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