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Mulhouse: L’Attentat, le Schizophrène et l’Échec de l’État

Samedi 22 février 2025, Mulhouse a basculé dans l’horreur. Une attaque au couteau, revendiquée par l’assaillant par des cris d’«Allah Akbar», a coûté la vie à un passant portugais de 69 ans et blessé sept autres personnes, dont plusieurs policiers municipaux. L’auteur, un Algérien de 37 ans, Mohammed Amra (nom modifié pour préserver l’enquête), a été rapidement interpellé. Ce qui aurait dû être une simple intervention policière s’est transformé en une tragédie nationale, révélatrice d’une faille béante dans notre système de sécurité et de gestion de l’immigration.

L’assaillant, fiché au FSPRT (Fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste), présentait un profil particulièrement complexe. Condamné six mois plus tôt pour apologie du terrorisme, il souffrait également de troubles psychiatriques, un diagnostic de « profil schizophrène » ayant été établi lors d’une expertise psychiatrique. Cette double nature, terroriste et schizophrène, brouille les pistes et nourrit un débat public déjà survolté. Est-ce un acte terroriste purement et simplement, ou les troubles mentaux de l’individu ont-ils joué un rôle prépondérant ? La question reste entière et la réponse, complexe, nécessitera des analyses approfondies.

L’absence de réaction appropriée face au diagnostic psychiatrique de l’assaillant remet en lumière les dysfonctionnements systémiques de notre société. Placé en centre de rétention administrative après sa condamnation, Amra a bénéficié de la négligence des autorités algériennes, qui ont refusé à dix reprises sa réadmission. Ce refus, devenu une entrave manifeste à l’exécution d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), a permis à l’individu de poursuivre sa vie en France, le laissant susceptible de commettre un acte aussi violent. La question de la responsabilité de l’État face à cette situation est posée avec acuité. L’OQTF, outil censé assurer la sécurité nationale, s’avère ici défaillant, révélant un manque de coordination entre les services de l’État et une incapacité à faire appliquer la loi.

La réaction politique à l’attentat de Mulhouse a été immédiate, mais divisée. Le Président Macron a qualifié l’acte d’«attentat terroriste islamiste», tandis que d’autres voix appellent à la prudence, soulignant la complexité du profil psychologique de l’assaillant. Cette divergence d’opinion reflète une fracture profonde au sein de la société française, confrontée à la menace terroriste et à la montée de l’extrémisme, le tout sur fond de problèmes de santé mentale souvent négligés. L’opposition politique, notamment le Rassemblement National, a profité de l’occasion pour critiquer la politique gouvernementale en matière d’immigration et de sécurité, réclamant des mesures plus fermes et une action résolue contre la radicalisation.

L’attaque de Mulhouse s’inscrit dans un contexte de menace terroriste persistante. Alors que le procureur antiterroriste avait déjà pointé du doigt en janvier 2025 la persistance du risque terroriste malgré l’absence de décès liés à des actes terroristes en 2024, cette nouvelle tragédie vient rappeler la vigilance constante qui s’impose. Les 85 enquêtes préliminaires ouvertes par le PNAT en 2024, dont 66 pour des contentieux jihadistes, témoignent de l’ampleur de la tâche. Le précédent attentat mortel à la Tour Eiffel en décembre 2023 n’est pas une exception, mais un signe annonciateur de cette menace omniprésente.

L’événement de Mulhouse, au-delà du drame humain, met en lumière les faiblesses de notre système. Il interpelle sur la gestion des individus radicalisés, sur l’efficacité des OQTF, sur l’articulation entre les problèmes de santé mentale et la radicalisation, et sur la capacité de l’État à prévenir et à réagir face à ce type de menace. Le débat ne doit pas se limiter à des considérations partisanes, mais doit engager une réflexion profonde et sincère sur les failles du système et les solutions à mettre en place pour mieux protéger la population. L’horreur de Mulhouse doit servir de catalyseur à une réforme globale de nos politiques de sécurité et d’immigration, une réforme qui ne doit pas laisser de côté la complexité des individus et les questions de santé mentale souvent négligées. L’analyse impartiale et sereine de ce drame est essentielle pour éviter de reproduire les mêmes erreurs. Cet article a été fait a partir de ces articles: https://www.liberation.fr/societe/police-justice/a-mulhouse-la-guerre-des-mots-apres-lattaque-au-couteau-20250223_E7EUZ4F66FEXRKX4HF5L6TI6CI/ https://www.liberation.fr/societe/police-justice/profil-du-suspect-victime-portugaise-etat-de-sante-des-blesses-ce-que-lon-sait-apres-lattaque-terroriste-a-mulhouse-20250223_RIV44VBAC5CBFDOSBVOVSOGG3A/ https://fr.euronews.com/my-europe/2025/02/22/mulhouse-attaque-au-couteau-au-moins-un-mort-plusieurs-blesses-lattaquant-criait-allah-akb?utm_source=flipboard.com&utm_campaign=feeds_europe&utm_medium=referral https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2025/02/23/ce-qu-il-ne-fallait-pas-rater-de-l-actualite-ce-week-end-attentat-terroriste-a-mulhouse-arrestation-de-mohammed-amra-et-victoire-des-conservateurs-en-allemagne_6560888_4355770.html?utm_source=flipboard&utm_content=LeMonde/magazine/Les+décodeurs https://www.bfmtv.com/replay-emissions/week-end-direct/attentat-qui-etait-l-homme-tue-a-mulhouse-23-02_VN-202502230435.html

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