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L’Espagne noyée : entre déluge biblique et amnésie politique

L’Espagne, terre de soleil et de siestes, se retrouve plongée dans un cauchemar aquatique. Des pluies diluviennes, dignes d’un déluge biblique, ont ravagé le pays, transformant les rues en torrents furieux et les villes en Venise improvisées. Le bilan, effroyable : plus de 200 morts, des dizaines de disparus, un paysage de désolation. Valence, autrefois joyau méditerranéen, porte les stigmates de la catastrophe, ses infrastructures éventrées, ses habitants traumatisés. Girona, frappée à nouveau par une nouvelle vague de crue, voit ses voitures emportées comme des fétus de paille par une force déchaînée. Cadaqués, paisible ville côtière, subit le même sort, ses rues transformées en rapides impraticables.

Face à ce cataclysme, le discours officiel oscille entre condoléances protocolaires et incantations fatalistes. Le Premier ministre Sánchez, les yeux rivés vers Bruxelles, promet l’aide de l’État et, si nécessaire, celle de l’Union européenne. Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, brandit le spectre du changement climatique, ce coupable idéal qui permet d’éluder les responsabilités politiques. « C’est la réalité dramatique du changement climatique », martèle-t-elle, comme si cette réalité s’était imposée d’elle-même, sans l’incurie des gouvernements successifs.

Car au-delà de la tragédie immédiate, c’est bien un système tout entier qui est mis en accusation. Un système qui, depuis des décennies, a sacrifié la sécurité des populations sur l’autel du profit, bétonnant à outrance, détruisant les zones naturelles d’absorption et ignorant les alertes répétées des scientifiques. L’urbanisme sauvage, la spéculation immobilière, la course effrénée à la croissance ont créé les conditions de cette catastrophe. Les zones inondables, autrefois respectées, sont devenues des terrains de jeu pour promoteurs avides, transformant des espaces naturels en pièges mortels.

L’absence de système d’alerte efficace est une autre preuve de ce déni collectif. Comment expliquer qu’en 2024, des citoyens puissent être surpris par des crues aussi violentes, piégés dans leurs voitures ou leurs maisons, sans avoir reçu la moindre alerte ? L’information, pourtant disponible, n’a pas circulé, les autorités semblant paralysées par l’ampleur du phénomène. Ce dysfonctionnement criant révèle une défaillance majeure dans la gestion des risques naturels, une négligence coupable qui a coûté la vie à des centaines de personnes.

Et pendant que les secours s’activent pour retrouver les disparus et déblayer les décombres, la colère gronde. Les habitants des zones sinistrées, abandonnés à leur sort, dénoncent l’inaction des pouvoirs publics, l’absence d’anticipation, le manque de moyens. La reine d’Espagne, les larmes aux yeux et le visage couvert de boue, incarne cette impuissance face à la catastrophe. Mais ses larmes ne suffiront pas à apaiser la douleur des familles endeuillées, ni à effacer les stigmates de cette tragédie.

Le changement climatique, certes, amplifie les phénomènes météorologiques extrêmes. Mais il ne peut servir d’excuse pour masquer les responsabilités humaines. L’Espagne, comme d’autres pays européens, a failli à son devoir de protection des citoyens. L’adaptation au changement climatique ne se résume pas à des discours lénifiants et des promesses vagues. Elle exige des actions concrètes, des investissements massifs dans les infrastructures, une révision des politiques d’urbanisme et une prise de conscience collective.

Il est temps de sortir de l’amnésie politique et d’en finir avec la logique du court terme. La reconstruction ne doit pas se limiter à réparer les dégâts matériels. Elle doit aussi et surtout repenser notre rapport à la nature, à l’environnement, à notre propre vulnérabilité. L’Espagne, meurtrie par cette catastrophe, a l’opportunité de se réinventer, de construire un modèle plus résilient, plus respectueux de l’environnement, plus juste socialement. À condition de tirer les leçons de cette tragédie et de ne pas reproduire les erreurs du passé. Car l’eau, source de vie, peut aussi se transformer en instrument de mort, si l’on persiste à ignorer les signaux d’alarme que la nature nous envoie.

Cet article a été fait a partir de ces articles:
https://www.scientificamerican.com/article/catastrophic-floods-in-spain-kill-at-least-95-people/
https://www.bbc.com/news/articles/crk4zlkdgk8o
https://www.bbc.com/news/videos/cev928ng1y8o
https://fr.euronews.com/my-europe/2024/11/08/les-inondations-se-poursuivent-en-espagne?utm_source=flipboard.com&utm_campaign=feeds_topstories&utm_medium=referral

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