La stupeur a saisi le monde. Donald Trump est de retour à la Maison Blanche, et beaucoup se demandent encore comment cette victoire, jugée improbable par certains, a pu se produire. Ici, à WIRED Politics Lab, nous avançons une hypothèse audacieuse : Elon Musk, le magnat de la technologie, a joué un rôle décisif dans cette élection. Non content d’être l’homme le plus riche du monde, Musk s’est mué en baron des médias, utilisant son empire numérique comme une arme politique d’une puissance inédite.

Une symphonie d’influence subtile et tonitruante

L’influence de Musk ne s’est pas limitée à un simple soutien financier. Certes, les plus de 100 millions de dollars injectés dans la campagne de Trump ont envoyé un signal fort, scellant une alliance entre le pouvoir technologique et l’ambition politique. Mais c’est surtout l’attention médiatique démesurée générée par Musk qui a fait la différence. Tel un prestidigitateur, il a orchestré un ballet médiatique savamment dosé, alternant entre annonces tonitruantes (son soutien initial à Trump, les promesses de dons mirobolants) et diversions habilement orchestrées (l’affaire de l’écureuil Peanut, le concours à un million de dollars). Chaque action, chaque tweet, chaque apparition publique était calculée pour capter l’attention et noyer le bruit médiatique sous un déluge d’informations, minimisant ainsi l’impact des révélations potentiellement dommageables pour Trump, comme l’enregistrement audio d’Epstein.

X, le porte-voix de la désinformation

L’arme la plus redoutable de Musk reste sans conteste X (anciennement Twitter), sa plateforme de médias sociaux. Avec plus de 200 millions d’abonnés, Musk contrôle un puissant vecteur de diffusion d’informations, ou plutôt de désinformation. Il a transformé X en une caisse de résonance pour les théories du complot et les discours incendiaires, réhabilitant des figures controversées bannies pour leurs propos extrémistes. Les algorithmes de la plateforme, sous sa gouverne, ont propulsé ces messages toxiques au sommet des fils d’actualité, contaminant l’espace public et influençant l’opinion d’une frange de l’électorat. Cette stratégie du « drone swarm attack », où la quantité prime sur la qualité, a permis de saturer l’espace médiatique et de noyer les informations factuelles sous un flot continu de fake news.

La main invisible de la « Manosphère »

Au-delà de X, Musk a habilement exploité la « Manosphère », cet écosystème numérique où se nichent les discours misogynes et les théories du complot. Sa proximité avec des figures influentes de ce milieu, comme Joe Rogan, a permis à Trump de capter un électorat masculin jeune et désabusé, sensible à la rhétorique anti-féministe et anti-establishment. La victoire de Trump est aussi celle d’une campagne ciblée, qui a su exploiter les frustrations d’une partie de la population masculine, en lui offrant un bouc émissaire : Kamala Harris, symbole d’une élite progressiste perçue comme menaçante.

L’inquiétant mariage du pouvoir technologique et politique

L’alliance entre Musk et Trump est plus qu’une simple association de circonstance. C’est le symptôme d’une époque où la technologie et la politique se confondent dangereusement. Musk, le magnat de l’espace et de l’automobile, est aussi un important prestataire de services pour le gouvernement américain. Son influence au sein de l’administration Trump soulève des questions inquiétantes sur l’avenir de la démocratie et le risque d’un glissement vers un modèle où l’intérêt privé dicte l’action publique. La perspective d’un démantèlement des services publics au profit d’entreprises privées, le laxisme réglementaire envers les entreprises technologiques, et la privatisation de secteurs clés de l’économie sont autant de menaces qui planent sur l’Amérique.

Un futur incertain et dystopique ?

La victoire de Trump, orchestrée en partie par l’influence de Musk, marque un tournant dans l’histoire politique américaine. L’avènement d’un pouvoir technologique sans précédent, capable d’influencer les élections et de dicter les politiques publiques, ouvre la voie à un futur incertain. Le mariage du pouvoir politique et technologique, symbolisé par l’alliance Trump-Musk, est un cocktail explosif dont les conséquences pourraient être dévastatrices pour la démocratie américaine. Reste à savoir si cette alliance, fondée sur des intérêts convergents et des egos démesurés, résistera à l’épreuve du pouvoir. L’histoire nous apprend que les pactes faustiens finissent mal. L’implosion de cette alliance, quand elle surviendra, promet d’être aussi spectaculaire que son ascension.

Cet article a été fait a partir de ces articles:
https://www.wired.com/story/politics-lab-podcast-elon-musk-donald-trump-victory/
https://www.wired.com/story/maricopa-county-arizona-us-election-photos/
https://www.wired.com/story/january-6-rioters-trump-victory-pardon/
https://www.wired.com/story/trump-tech-policy/
https://www.wired.com/story/trump-won-what-happens-to-electric-vehicles-now/
https://www.wired.com/story/donald-trump-win-seven-states-vote-abortion-rights/
https://www.wired.com/story/donald-trump-far-right-supporters-violent-memes/
https://www.scientificamerican.com/article/trumps-administration-will-attack-health-care-from-multiple-angles/
https://www.scientificamerican.com/article/trump-victory-is-a-gut-punch-to-u-s-climate-action/