Carles Puigdemont, figure de proue du mouvement indépendantiste catalan, a toujours su jouer de la scène politique comme un maître marionnettiste. Ses apparitions, ses disparitions, ses discours incendiaires, tout est orchestré pour entretenir un suspense permanent, une tension palpable qui nourrit l’espoir des uns et la fureur des autres. La dernière pirouette de ce jeu de dupes, qui a débuté en 2017 avec la tentative de sécession de la Catalogne, a eu lieu le 8 août 2024, au cœur de Barcelone.

Puigdemont, toujours visé par un mandat d’arrêt pour son rôle dans cette tentative de sécession, a osé se présenter devant des milliers de sympathisants, offrant un défi audacieux aux autorités espagnoles. Une apparition éclair, un discours bref, puis une fuite aussi rapide qu’inattendue, qui a donné lieu à une véritable chasse à l’homme dans les rues de Barcelone.

La police catalane, les Mossos d’Esquadra, censée l’arrêter, s’est retrouvée prise au dépourvu. Accusés de complicité, trois d’entre eux ont été arrêtés, les soupçons pesant sur une possible collaboration avec Puigdemont pour lui permettre de s’échapper. L’épisode, à la limite du burlesque, met en lumière l’inefficacité de la police espagnole face à la stratégie d’évitement de Puigdemont, qui se joue des autorités comme d’une partie d’échecs.

Dans un tweet publié quelques heures après sa disparition, Puigdemont se défend de toute intention de se rendre, dénonçant une « chasse aux sorcières » politique. Il se réfugie dans une stratégie éprouvée : jouer la victime, se présenter comme un martyr de la cause catalane, persécuté pour ses idées. Son retour en Belgique, où il vit depuis 2017, confirme sa volonté de maintenir un exil stratégique, un refuge qui lui permet de continuer à influencer le paysage politique catalan depuis la distance.

Cette apparition, aussi brève soit-elle, a eu un impact majeur sur la situation politique en Catalogne. Elle a alimenté les tensions déjà vives entre les partisans de l’indépendance et le gouvernement espagnol. L’accord de coalition entre les socialistes espagnols et le parti de Puigdemont, Junts per Catalunya, n’est plus qu’une fragile alliance, menacée par l’incertitude du statut juridique de Puigdemont.

Le débat sur l’amnistie des indépendantistes, au cœur des négociations entre Madrid et Barcelone, s’en trouve relancé. La Cour suprême espagnole, malgré la loi d’amnistie adoptée en mai 2024, a décidé qu’elle ne s’appliquait qu’à une partie des délits reprochés à Puigdemont. Cette décision, considérée comme un « acte de rébellion » par le dirigeant indépendantiste, alimente le sentiment de frustration des partisans du mouvement, accentuant la défiance envers la justice espagnole.

Le feuilleton Puigdemont continue de tenir en haleine la Catalogne et l’Espagne. L’histoire de ce dirigeant charismatique, qui s’est transformé en un symbole du combat indépendantiste, se poursuit. Entre fugues rocambolesques, accusations de complicité et jeux de pouvoir, il semble bien que le jeu du chat et de la souris catalan soit loin de connaître son dénouement.

Cet article a été fait a partir de ces articles:
https://www.france24.com/fr/europe/20240809-indépendantiste-catalan-carles-puigdemont-dit-être-rentré-belgique-apparition-barcelone-espagne
https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20240808-espagne-en-catalogne-le-grand-jour-pour-salvador-illa-et-carles-puigdemont
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