Guerre et Répercussions : Le Spectre du Syndrome Afghan Plane sur la Russie et l’Ukraine
Les conflits, par-delà les champs de bataille, sèment des graines amères qui germent longtemps après le cessez-le-feu. La guerre en Ukraine, avec ses tranchées sanglantes et ses pertes humaines considérables, ne fait pas exception. Alors que les armes finiront par se taire, la question cruciale de la réintégration des soldats démobilisés, tant en Russie qu’en Ukraine, se pose avec une acuité particulière, ravivant le souvenir douloureux du « syndrome afghan » qui a hanté l’Union Soviétique.
Le « syndrome afghan » fait référence aux difficultés d’adaptation sociale et psychologique rencontrées par les vétérans de la guerre d’Afghanistan (1979-1989). Ces soldats, souvent traumatisés et marginalisés, ont été confrontés à l’indifférence, voire au rejet, d’une société désireuse d’oublier un conflit impopulaire. Cette situation a engendré une augmentation de l’alcoolisme, de la criminalité et de la participation à des groupes de crime organisés, exacerbée par l’effondrement de l’URSS en 1991. Des vétérans tchétchènes de cette guerre ont même utilisé leur expérience au combat pour résister violemment à la Russie lors de la première guerre de Tchétchénie (1994-1996). La Russie et l’Ukraine font face à un défi de taille, car la guerre en Ukraine produit une génération de vétérans plus nombreuse et endurcie que celle qui est revenue d’Afghanistan.
La situation actuelle, tant en Russie qu’en Ukraine, est préoccupante. Le recours massif à des prisonniers enrôlés dans des compagnies militaires privées (PMC), comme Wagner – une Private Military Company, PMC, est une entreprise privée qui propose des services militaires ou paramilitaires à des gouvernements, des entreprises ou des organisations non gouvernementales – par la Russie, a déjà des conséquences désastreuses. Ces anciens détenus, graciés en échange de leur participation aux combats, sont responsables d’une augmentation significative de la criminalité violente à leur retour, illustrée par des affaires sordides. L’ex-prisonnier Ivan Rossomakhin, recruté par Wagner et libéré après avoir purgé une peine de prison pour meurtre, a commis un autre meurtre quelques jours après son retour. L’entreprise Wagner avait recruté plus de 100,000 prisonniers pour la guerre d’Ukraine.
Face à cette situation explosive, la Russie tente d’éviter les erreurs du passé. Le Kremlin a adopté une approche différente avec les vétérans de la guerre en Ukraine, les encensant comme la « nouvelle élite » de la nation et leur accordant un accès privilégié à des postes importants au sein du gouvernement et des entreprises. Des avantages sociaux considérables sont également accordés aux familles des militaires, vivants ou morts, afin de prévenir toute agitation sociale. Cependant, cette politique de glorification et d’intégration forcée ne semble pas suffire à endiguer la vague de criminalité et de violence qui déferle sur le pays. La police (Rosgvardiya), qui doit déjà patrouiller dans les territoires ukrainiens occupés, est surchargée de travail.
De son côté, l’Ukraine est confrontée à des problèmes similaires, bien qu’elle ait été plus prudente dans le déploiement de bataillons pénitentiaires. Les autorités tentent d’empêcher les organisations criminelles locales d’enrôler d’anciens militaires, tout en luttant contre les activités rebelles dans les régions pro-russes. Le gouvernement ukrainien a vu une augmentation des attaques contre les bureaux de recrutement, malgré ses efforts pour honorer ses soldats. La dépendance de l’Ukraine à la conscription obligatoire, qui a suscité une hostilité croissante à l’égard des mesures de recrutement, est en contraste frappant avec l’évitement de la conscription à grande échelle par la Russie.
Un autre aspect inquiétant est la montée en puissance de l’industrie militaire privée à l’échelle mondiale. Le conflit en Ukraine offre une impulsion significative à ce secteur, qui risque de s’étendre une fois la guerre terminée. Le nombre important de vétérans russes et ukrainiens possédant une expérience du combat pourrait révolutionner cette industrie. Contrairement à l’Ukraine, où le conflit repose sur la technologie, les petites PMC peuvent être efficaces dans d’autres régions.
Les attitudes des militaires de retour au pays seront également déterminées par le résultat de la guerre. Les conflits perçus comme inutiles, avec une approbation publique en baisse, laissent des traces psychologiques durables sur les vétérans, augmentant le risque de suicide et d’agitation sociale. Par conséquent, la manière dont les dirigeants politiques, les médias et la société présentent la victoire est essentielle. Les soldats qui croient avoir combattu dans une guerre juste et fructueuse sont plus susceptibles de se réinsérer avec un sentiment d’utilité, contrairement à ceux qui se sentent abandonnés et amers.
Il est possible que ni Moscou ni Kyiv ne veuillent annoncer la fin de la guerre et procéder à la démobilisation, de peur d’être perçus comme des perdants, ce qui entraînerait le retour de soldats agités et au chômage. Il se peut que les vétérans soient lentement intégrés dans la société au fur et à mesure que les gouvernements mettent en valeur leurs services afin de susciter la sympathie, étant donné que les économies russe et ukrainienne sont désormais fortement axées sur la guerre. D’autres seront encouragés par Moscou et Kyiv à chercher des débouchés dans d’autres conflits, exportant des hommes prêts au combat plutôt que de les ramener chez eux.
Cet article a été fait a partir de ces articles:
https://www.zmescience.com/other/economics/what-happens-when-russian-and-ukrainian-soldiers-come-home/, https://www.zmescience.com/medicine/mind-and-brain/why-we-like-music-its-in-genetics/, https://www.zmescience.com/science/archaeology/this-stinky-coastal-outpost-made-royal-dye-for-500-years/, https://www.zmescience.com/science/news-science/researchers-analyzed-10000-studies-and-found-cannabis-could-actually-fight-cancer/, https://www.zmescience.com/science/news-science/rainfall-electricity-0423/
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