Haïti et le Royaume-Uni : Deux crises, deux poids, deux mesures – La déliquescence de l’ordre mondial et la justice sélective
Le monde, souvent présenté comme un espace régi par des principes universels de droit et d’équité, révèle de plus en plus ses fractures et ses biais. Deux crises récentes, l’une en Haïti et l’autre au Royaume-Uni, illustrent de manière frappante cette réalité amère. D’un côté, Haïti, plongée dans une spirale infernale de violence et de désespoir, et de l’autre, le Royaume-Uni, déchiré par des débats identitaires complexes. L’attention médiatique et les réponses internationales divergent, révélant une hiérarchie implicite des souffrances et des priorités.
Haïti : Un État en ruine, une population abandonnée
Haïti, déjà fragilisée par des décennies de corruption, de catastrophes naturelles et d’ingérences étrangères, est aujourd’hui au bord du gouffre. Selon Human Rights Watch (HRW), la situation sécuritaire est en « chute libre », avec des gangs armés qui sèment la terreur dans la capitale, Port-au-Prince. Ces groupes, souvent liés à des élites politiques et économiques corrompues, se disputent le contrôle du territoire dans un contexte de vide du pouvoir créé par l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021.
La violence est effroyable. Les gangs attaquent les prisons, les institutions publiques, et les civils sont pris au piège. Les chiffres de l’ONU font froid dans le dos : des milliers de morts et de blessés en quelques mois, plus d’un million de personnes déplacées, et la moitié de la population confrontée à une insécurité alimentaire aiguë. Les témoignages recueillis par HRW sont poignants, décrivant des femmes violées, déplacées, affamées, et un sentiment d’abandon total face à l’inaction de l’État et de la communauté internationale.
Face à cette situation, une mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS), dirigée par le Kenya et soutenue par l’ONU, a été déployée. Cependant, son efficacité est remise en question. Sous-financée et mal équipée, elle peine à rétablir l’ordre face à des gangs bien armés et organisés. L’absence de stratégie claire et de ressources adéquates transforme la police haïtienne en « pompiers », réagissant aux crises sans pouvoir les prévenir.
Royaume-Uni : Redéfinir le genre, une bataille juridique et idéologique
Pendant ce temps, au Royaume-Uni, un autre type de crise agite la société : la définition juridique du genre. La Cour suprême a tranché en faveur d’une définition « biologique » de la femme dans le cadre des lois sur l’égalité. Cette décision, qui met fin à une longue bataille juridique entre groupes féministes et gouvernement écossais, a des implications considérables sur l’accès des femmes transgenres aux espaces et services réservés aux femmes, tels que les vestiaires, les refuges pour victimes de violence domestique, et les services médicaux.
Cette affaire a mis en lumière des tensions profondes au sein de la société britannique sur les questions d’identité de genre. D’un côté, des groupes féministes estiment que les droits des femmes biologiques doivent être protégés et que l’inclusion des femmes transgenres dans la définition de « femme » risquerait de les diluer. De l’autre, les défenseurs des droits des transgenres affirment que la décision de la Cour suprême est discriminatoire et porte atteinte à leur dignité et à leur droit à l’égalité.
Deux crises, deux mondes : La justice à géométrie variable
La comparaison entre ces deux crises révèle une injustice flagrante. Alors qu’Haïti sombre dans le chaos et que sa population est confrontée à des atrocités inimaginables, la communauté internationale tarde à agir et les ressources déployées sont dérisoires. Au Royaume-Uni, un débat complexe sur la définition du genre monopolise l’attention médiatique et juridique, mobilisant des ressources considérables.
Cette disparité de traitement soulève des questions fondamentales sur les priorités du monde contemporain. Pourquoi la souffrance d’un peuple entier, victime de la violence et de l’abandon, suscite-t-elle moins d’intérêt et d’action que des débats identitaires, aussi importants soient-ils ? La réponse réside peut-être dans une hiérarchie implicite des valeurs, où certaines vies sont considérées comme plus précieuses que d’autres.
L’effondrement de la sécurité en Haïti devrait nous interpeller. C’est un rappel brutal de la fragilité de l’ordre mondial et de la justice sélective qui le caractérise. Il est temps de repenser nos priorités et de nous engager à bâtir un monde plus équitable, où la souffrance humaine, quelle que soit son origine ou son contexte, suscite la même compassion et la même détermination à agir.
Cet article a été fait a partir de ces articles:
https://www.aljazeera.com/news/2025/4/17/haiti-in-free-fall-as-violence-escalates-rights-group-warns?traffic_source=rss, https://www.aljazeera.com/news/2025/4/17/trans-women-arent-legally-women-what-the-uk-supreme-court-ruling-means?traffic_source=rss, https://www.aljazeera.com/economy/2025/4/17/trump-says-fed-chair-powells-exit-cant-come-soon-enough?traffic_source=rss, https://www.aljazeera.com/program/newsfeed/2025/4/17/fire-guts-darfur-camp-amid-escalating-sudan-war?traffic_source=rss, https://www.aljazeera.com/news/2025/4/17/putin-qatars-emir-discuss-syria-and-gaza-at-meeting-in-moscow?traffic_source=rss
Laisser un commentaire