Kerbrat, la 3-MMC et les contradictions du Parlement : Un député en cure vote contre la loi narcotrafic, et ça pose question… ou pas.
L’année 2025 semble, à bien des égards, continuer sur la lancée des années précédentes : une cacophonie politique où les paradoxes se multiplient. Au centre de cette tourmente, nous retrouvons Andy Kerbrat, député de La France Insoumise, empêtré dans une affaire de stupéfiants. Pour resituer le contexte pour celles et ceux qui seraient passés à côté : en octobre dernier, Kerbrat a été interpellé en possession de 3-MMC, une drogue de synthèse, alors qu’il l’achetait à un mineur. Suite à cet incident, le député a annoncé se retirer temporairement de l’Assemblée Nationale pour suivre une cure de désintoxication.
Mais voilà, le feuilleton ne s’arrête pas là. Malgré son absence physique, le nom d’Andy Kerbrat est apparu lors des votes sur la loi concernant le narcotrafic, une loi visant à durcir la répression contre les trafiquants de drogue. Et le plus ironique, c’est qu’il a voté contre plusieurs amendements de cette loi, suivant la ligne de son groupe parlementaire, qui la juge « inefficace et dangereuse ».
Comment est-ce possible ? Grâce à un système de délégation de vote, une pratique courante au sein de l’Assemblée. Un député absent pour cause de maladie ou autre peut donner procuration à un collègue pour voter en son nom. Dans le cas de Kerbrat, c’est Ségolène Amiot qui a voté pour lui, suivant scrupuleusement les consignes du groupe LFI. Kerbrat lui-même a confirmé être informé et aligné sur les positions de son parti.
Alors, pourquoi un député en cure de désintoxication voterait-il contre une loi censée lutter contre le trafic de drogue ? C’est là que l’argumentaire politique entre en jeu. Kerbrat et ses collègues estiment que cette loi est avant tout répressive et ne s’attaque pas aux racines du problème, à savoir l’addiction et le manque de prévention. Pour eux, la solution réside dans l’accompagnement des personnes souffrant d’addiction, et non dans une simple escalade punitive.
Décryptage : La 3-MMC, kézako ? Pour celles et ceux qui ne sont pas familiers avec cette substance, la 3-MMC (3-méthylméthcathinone) est une drogue de synthèse, appartenant à la famille des cathinones. Elle est souvent vendue en ligne comme « legal high » (substance légale euphorisante), ce qui est bien entendu une appellation trompeuse, car elle présente des risques pour la santé similaires à ceux d’autres stimulants comme la MDMA ou la cocaïne. Ses effets incluent l’euphorie, la stimulation, l’augmentation de la sociabilité, mais aussi l’anxiété, la paranoïa et les problèmes cardiaques. Il est important de noter que la production et la vente de 3-MMC sont illégales dans de nombreux pays.
La loi narcotrafic, au centre de cette controverse, propose des mesures telles que la création d’un parquet national antistupéfiants, un nouveau régime carcéral pour les trafiquants, et l’extension de la surveillance algorithmique. Cette dernière, d’ailleurs, mériterait un article à elle seule : imaginez, des algorithmes scrutant nos échanges téléphoniques et nos recherches internet pour détecter des comportements suspects… Big Brother n’est plus une fiction, il est en passe de devenir une réalité juridique.
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, n’a pas manqué de commenter la situation, avec une pointe d’ironie : « Les dindes ont sûrement peur quand Noël arrive ». Une métaphore subtile pour souligner le manque de cohérence, selon lui, de la position de Kerbrat.
Mais au-delà de la polémique, cette affaire soulève des questions fondamentales sur la représentation politique, la gestion des addictions et l’efficacité des politiques de lutte contre la drogue. Est-il moralement acceptable qu’un député en cure vote sur une loi concernant les stupéfiants ? La réponse est loin d’être univoque.
Ce qui est certain, c’est que cette situation met en lumière les contradictions et les complexités du monde politique, où les idéologies, les intérêts personnels et les impératifs de parti se télescopent, parfois de manière explosive.
Cet article a été fait a partir de ces articles:
https://www.radiofrance.fr/franceinfo/podcasts/le-brief-politique/loi-narcotrafic-l-insoumis-andy-kerbrat-en-arret-pour-sortir-de-l-addiction-a-la-drogue-vote-contre-plusieurs-amendements-4726061, https://www.radiofrance.fr/franceinfo/podcasts/le-brief-politique/rearmement-de-la-france-la-region-occitanie-prevoit-un-plan-de-200-millions-d-euros-pour-soutenir-les-entreprises-de-defense-sur-son-territoire-3039183, https://www.radiofrance.fr/franceinfo/podcasts/le-brief-politique/gouvernement-de-francois-bayrou-elisabeth-borne-et-gerald-darmanin-s-affrontent-de-nouveau-par-medias-interposes-1625990, https://www.radiofrance.fr/franceinfo/podcasts/le-brief-politique/gouvernement-de-francois-bayrou-la-question-du-port-du-voile-dans-le-sport-fait-apparaitre-des-clans-au-sein-de-l-executif-2521470, https://www.radiofrance.fr/franceinfo/podcasts/le-brief-politique/le-ministre-de-l-interieur-bruno-retailleau-rompt-avec-la-tradition-de-l-iftar-a-la-grande-mosquee-de-paris-4468294
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